Chronique

D’infirmière à auto-entrepreneuse

Un article un peu particulier, pour vous raconter un petit bout de mon histoire et de mon parcours qui m’a amené à devenir photographe et styliste culinaire.

Qui es-tu Manon ?

Par où commencer ?

Je m’appelle Manon (mais ça vous le savez déjà) et à l'heure où je vous écris, j’ai 24 ans et j’habite à Vincennes, avec mon compagnon Alexis.

Après un baccalauréat ES et un diplôme d’état infirmier, j'ai pris un poste d’infirmière en réanimation chirurgicale cardio-pédiatrique (ouais, j'aurais pu faire plus simple, mais non) puis en chirurgie digestive adulte.

La vingtaine, un appartement, un travail, un conjoint, que demander de plus ?

Je ne sais pas.

Métro, boulot, dodo

Quelque chose ne va pas.

Comme l’impression que mon quotidien ne me convient plus, la sensation que tout m’échappe, le sentiment que rien n'a de sens.

Je souffre d’une fatigue chronique, de douleurs importantes, d’urticaires réguliers. Je suis suivie en raison de divers symptômes et du lourd bagage de ma mère (quatre maladies auto-immunes, rien que ça). Malgré cela, encore et toujours ce même discours : « je ne vois rien donc vous n’avez rien ».

Puis le diagnostic tombe : lupus et spondylarthrite ankylosante (déjà pleins de mots compliqués).

Je (ou plutôt tout le monde autour de moi) tire la sonnette d’alarme.

Accepter

Mon quotidien n’est plus le même.

Je suis malade, je suis fatiguée, j’ai mal mais je ne veux pas du traitement médical que l'on me propose (si vous aviez vu la liste des effets secondaires, vous non plus vous n'en voudriez pas). Je dois faire de la paperasse pour un statut de handicap que je ne veux pas. Je n’ai plus de vie de couple, je n’ai plus de vie sociale, je n’ai plus de vie professionnelle (youpidou).

Après deux mois d’arrêt maladie, je reprends le boulot à mi-temps thérapeutique, ce qui ne durera pas longtemps.

Une pandémie éclate (vous devinez la quelle). Je suis « fragile », je travaille à l’hôpital, je suis mise en éviction. Incompréhension, doute, culpabilité, tristesse, colère et j’en passe.

Je pars à la campagne où je reste plus de 4 mois.








Ralentir

Pour la première fois depuis longtemps, j’ai le temps.

« Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d’aller de l’avant. » - Paulo Coelho

Au fond de moi, je sais quoi faire.

Je découvre le concept de slowlife.

J’apprends à ralentir, à prendre le temps de me reposer, à profiter de l’instant présent assise sur la terrasse un café à la main, j’apprécie la simplicité de la vie à la campagne, je suis reconnaissante d’être auprès de mes parents et de mon compagnon.

J’apprends à m’écouter, à écouter mon corps qui me crie de stopper, à écouter mon organisme qui me hurle d’arrêter, je me pose et j’arrête de faire, plus, toujours plus.

J’apprends à repenser mon alimentation, à manger plus sain, de saison et local (ok, clairement pas tous les jours pour le côté healthy, mais le plus régulièrement possible), à diminuer le gluten pour ne pas faire flamber mes pathologies auto-immunes (merci à ma maman intolérante qui m’a permis de ne pas partir de zéro), je m’essaye au végétalisme (bon, une fois par semaine, pour commencer), je me remets au sport (bon, la motivation pour le footing et la musculation n’aura duré que quelques jours), je me challenge pour prouver qu'avec un régime sans gluten tout nouveau et une allergie à l'arachide et aux fruits à coque qui me suit depuis l'enfance, tout n'est pas compliqué, mauvais et fade, mais qu'il est, au contraire, possible de faire des merveilles.

J’apprends à m’organiser, à adopter le single tasking, à me donner et à garder du temps pour ce que j’aime faire, pour ce que je veux faire, cuisine, produits DIY, méditation, yoga, footing, musculation, jardinage, couture, peu importe.

J’apprends à vivre pour moi, pour les autres, pour la planète.

Sur un coup de tête, j’ouvre mon compte Instagram, dédié à la cuisine qui me sert de refuge, me réconforte, m’apaise et me permet d’appliquer avec douceur une partie de ces changements.

Au fil des jours, je découvre des personnes, j’y rencontre une communauté, je fais la connaissance de Charline, Gabrielle et bien d'autres. Discussions, échanges, partages, conseils, soutien, elles sont là, elles me font avancer, elles m’inspirent, elles me motivent, un peu plus, chaque jour, à leur façon.

Après mûre réflexion (et un peu sur un coup de tête aussi), je commence un CAP pâtissier à distance en candidate libre avec YouSchool et je m’intéresse à la photographie et au stylisme culinaire. Je m’offre du matériel, je récupère l’appareil photo d’Alexis, je commande mes premiers fonds, j’achète quelques ebooks, je fouille le grenier, les premiers contrats tombent.

« Dans la vie, il faut faire ce qu’on aime et aimer ce qu’on fait. » - Christian-Jaque

J’aspire à une meilleure vie.










Changer

La vie reprend son cours.

Aujourd’hui, j’habite encore à Vincennes et j’espère, un de ces quatre, quitter la capitale pour une ville plus petite voire pour la campagne, plus près de la nature.

Après une longue absence, j’ai repris mon poste d’infirmière en chirurgie digestive adulte, à mi-temps thérapeutique, pour finalement tout chambouler au bout de quelques mois. Concrètement ? Départ en disponibilité, création de mon auto-entreprise, poursuite de mon CAP pâtissier, début des cours de photographie sur Empara, mise en place de contrats (je sais ce que vous vous dites mais tout est question d’organisation). Mon ambition ? Vivre de mes passions.

Depuis quelques temps, j’ai des pathologies auto-immunes (ouais, toujours des mots compliqués) mais le traitement (que je me suis enfin décidée à prendre), le repos, le shiatsu et la kinésithérapie m’aident beaucoup, je vais mieux.

Avec cette période un peu particulière, j’ai découvert le concept de slowlife, mais je ne vais pas vous mentir, c’est un travail de tous les jours, d’autant plus avec un retour à la vie citadine. Parce que oui, je suis encore speed, je ne prends pas souvent le temps de me reposer, je ne profite pas toujours de l’instant présent, je n’apprécie pas tout le temps la simplicité, je ne m’écoute pas assez, je ne distingue pas correctement mes besoins de mes envies, j’ai une alimentation parfois chaotique, je fais rarement du sport, je suis quelquefois désorganisée, je fais régulièrement plusieurs choses à la fois même si ce n’est pas ce que j’aime faire ou ce que je veux faire, tout n’est pas fait maison, sain, équilibré, de saison, local, bio ou équitable chez moi. Mais j’apprends, j’essaye, je m’améliore. Rome ne s’est pas faite en un jour, pas vrai ?

Quoi qu’il en soit, tout va bien, parce que les choses changent.

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